4 Décembre 2018
Le vieux chêne et l’arbrisseau
Un vieux chêne qui était centenaire,
Plein de souvenirs,
Vit, un jour,
A ses pieds,
Une tige sortir de terre.
Le vieux chêne ne s’en inquiéta pas,
Habitué depuis des siècles
A voir le vent
Ramener et reprendre
Ce qu’il avait apporté.
La petite tige,
Têtue comme pas un,
Penchait de droite à gauche
Et de gauche à droite,
A chaque humeur du vent.
Tant et si bien qu’un jour,
La tige faillit sortir de terre et s’envoler.
Le chêne, fort de son âge
Et rompu par les ans,
La regardait grandir
Et tenir tête au vent.
Le temps passa,
La tige poussa de plus belle
Et commença à recevoir des feuilles
D’une couleur vert clair, informes,
On ne savait qui elle était vraiment.
Le vieux chêne, devenu son ami,
Se mit à la protéger
A son ombre grandissant,
Quand, de temps en temps,
La mauvaise saison l’aurait prise de haut
Pour l’emmener ailleurs, au gré du vent.
Puis, la tige devint arbrisseau
Et ses feuilles prenaient de l’allure,
Toujours au gré du vent,
Toujours résistante, elle était là,
Fièrement altière, tenant tête,
Comme elle l’avait fait auparavant
Afin de montrer à son adversaire, le vent,
Que,
Bien que petite et frêle,
Elle pouvait combattre ses mauvais penchants.
Le vieux chêne, toujours présent,
Continuait son travail protecteur
Et les surveillait,
Elle et le vent.
La tige devenue arbrisseau
Avait grandi de plus belle,
A l’abri du vieux chêne, son protecteur,
Qui lui servait de mère,
De père, de professeur.
Ainsi,
L’enseignement qu’il lui conférait,
Toujours empli de tendresse
Et de judicieux conseils,
Finit par faire de cette petite tige,
Devenu arbrisseau,
Le plus bel et le plus robuste des arbres de la forêt.
Les oiseaux venaient y faire leurs nids,
Les gazouillis s’entendaient de loin,
A chaque nouveau printemps,
Et le chêne,
Tout à sa joie d’avoir transmis son savoir
Et d’avoir su protéger cette petite tige
Devenu bel arbre,
Continuait à avancer au fil des ans.
Mais, un jour,
Le vent se fit plus rude,
L’hiver était plus froid qu’à l’accoutumée,
Et le chêne se fendit.
La tige devenue arbrisseau,
Puis,
Le plus bel et le plus robuste
Des arbres de la forêt
Prit le chêne en ses branches
Et le serra du plus fort qu’il put
Afin que celui-ci reprenne confiance en lui.
Les jours passèrent
Et la petite tige devenue le plus bel arbre de la forêt
Ne lâchait pas, de ses branches et de ses racines,
Le chêne devenu trop vieux pour lutter contre les intempéries.
Les beaux jours arrivèrent
Et le chêne reprit du poil de la bête.
La petite tige, devenu le plus bel arbre de la forêt
Fut heureux de voir que le chêne retrouvait son feuillage printanier.
Le vieux chêne se secoua de toutes ses branches,
Les feuilles se mirent à frémir de joie,
Les oiseaux refaisaient leurs nids
Et le chêne put dire merci à son jeune ami.
Car sans lui,
Que serait devenu ce vieux chêne
Soumis aux pires intempéries.
Alors,
La petite tige devenue arbrisseau,
Puis,
Le plus bel et le plus robuste des arbres de la forêt
Dit au chêne :
« Vous m’avez protégé lorsque j’étais petit.
Vous m’avez donné l’enseignement lorsque j’ai grandi.
Et, vous avez toujours su veiller sur moi,
Par tous les temps,
Prenant le risque de plier,
Vous-même,
Sous le vent.
Il était donc, un peu normal,
Qu’à mon tour,
Vous voyant au désespoir de rompre pour de bon,
Je vous prenne sous ma protection
Afin que jamais vous ne ployiez sous le vent. »
Isabelle Krief
5 janvier 2011